Peuple orange, avec qui j’ai partagé un fol espoir, il y a une semaine, après le premier tour, abattu, dépité, j'avais décidé, comme beaucoup d’entre vous, de voter orange ou blanc au second tour, de renvoyer ces idées que je ne partageais pas dos à dos et tel un Ponce Pilate démocrate : de m’en laver les mains !
Puis, petit à petit, doucement, d’information en information, d’heure en heure, mes yeux et mon cœur se sont ouverts à nouveau, ma conscience aussi, j'ai pesé l’énorme poids de ma responsabilité au regard d'un avenir collectif; ne pas me déterminer, n’était-ce pas me résigner, rendre les armes sans avoir combattu, avouer ma défaite et en définitive me rallier au choix, même le pire, que d’autres auront fait pour moi ?
Je vois s’amonceler de noirs nuages sur notre devenir et un vent mauvais les pousse vers nous.
Devons-nous nous bander les yeux ? Devons-nous nous lier les mains ? Devons-nous nous taire ? Ou nous rappeler plutôt la pensée d’Emmerson ! La plupart des hommes se sont bandé les yeux avec telle ou telle sorte de mouchoir, et ils se sont liés à l’une de ces communautés d’opinion. Leur conformisme ne les rend pas faux sur quelques détails, ne fait pas d’eux les auteurs de quelques mensonges, mais les rend faux sur tous les détails. Aucune de leurs vérités n’est tout à fait vraie. Leur deux n’est pas le vrai deux, leur quatre pas le vrai quatre; si bien que chacune des paroles qu’ils disent nous chagrine, et nous ne savons par où commencer de les corriger. Pendant ce temps, la nature ne tarde guère à nous affubler de l’uniforme pénitentiaire du parti auquel nous adhérons. Nous en arrivons à porter une seule coupe de visage et de silhouette, et nous acquérons progressivement la plus douce des expressions imbéciles. Il existe aussi une expérience particulièrement mortifiante, qui ne manque jamais d’arriver, de manière désastreuse, dans notre histoire à tous; je veux parler du « sot visage de l’éloge », du sourire forcé que nous revêtons, dans une assemblée où nous sommes mal à l’aise, en réponse à une conversation qui ne nous intéresse pas…Ne vaudrait-il mieux : croire votre pensée, croire que ce qui est vrai pour vous dans l’intimité de votre cœur est vrai pour tous les hommes…Exprimez votre conviction latente, et elle sera le sentiment universel; car ce qui est le plus intime finit toujours par devenir le plus public.
Je ne peux, au regard de la menace qui se profile, me résoudre à rester passif et neutre quand devant moi se déroule un des épisodes les plus indécis et dramatique de la politique de ce pays et au-delà des convictions profondes, des combinaisons d’appareils, des intérêts partisans et des calculs politiciens, il nous faut préserver l’avenir de notre communauté de destin et de notre démocratie, il nous faut le rendre possible, il nous faut, comme a osé le faire François Bayrou, briser le faux cercle vertueux de nos petites certitudes, il faut que des hommes et des femmes se lèvent, des hommes et des femmes disent : NON ! NON, Monsieur Sarkozy, nous ne vous laisserons pas bâtir votre totalitarisme sur la somme de nos silences !
Votons CONTRE Nicolas Sarkozy !
Ps’ : je vous place un lien qui m’a touché :
http://elections2007.unblog.fr/