Article de christophe Ginisty ex candidat modem
Gardiens du temple et impétrants au Modem
Je suis en train de vivre une expérience assez intéressante au Modem. Depuis la fin des élections législatives, les militants tentent de se réunir pour construire l’avenir et préparer les assises nationales qui auront lieu à l’automne. Tout le monde est d’accord sur le fait qu’il y a urgence à construire, élaborer et se rassembler.
Tout le monde. Mais pas de la même façon. Car deux camps s’affrontent actuellement.
Il y a d’abord celles et ceux qui sont les militants historiques de l’UDF. Les compagnons de route qui ont mené toutes les batailles, depuis des années, et qui sont restés fidèles à François Bayrou. Véritables gardiens du temple, ils font valoir leur antériorité et la connaissance des mécanismes qui président à l’organisation du parti. Ils n’ont pas souhaité qu’il y ait un afflux de nouveaux membres et ils les observent avec curiosité.
Il y a ensuite les nouveaux, ces milliers de gens qui ont décidé de rejoindre le Modem à l’issue de la campagne présidentielle, convaincus par le programme, le positionnement et la personnalité de François Bayrou. Ce sont des novices en politique. Ils débarquent avec leurs grands sabots et une fraîcheur quasi candide dans une organisation qui n’est pas immédiatement prête à leur faire une place. Ils se comportent comme des chiens fougueux, brandissent une exigence de militantisme nouveau reposant sur l’interactivité, l’instantanéité et le pouvoir d’internet. Ils sont quasiment tous venus via le web. Ils ignorent tout de la notion même de section locale.
La rencontre de ces deux familles de militants produit un choc des cultures assez explosif. Un mélange pour le moins instable. Les premiers veulent consolider les fondations, les seconds veulent partir au combat, comme ça, la fleur au fusil. Du coup, les anciens trouvent les nouveaux impertinents et trop pressés alors que les nouveaux trouvent les anciens trop conservateurs et inactifs.
La différence est moins dans l’idéologie que dans le rythme, comme si deux sociétés aux moeurs antinomiques se rencontraient.
Etant pour ma part nouveau dans cette aventure, je regrette cet antagonisme car il est sclérosant au moment où nous aurions le plus besoin de nous rassembler pour vivre ensemble et élaborer le projet qui devra présider à la formation de cette nouvelle force politique. Je connais d’autres "nouveaux" qui ont déjà claqué la porte du parti, par impatience ou par déception, leur engagement militant n’ayant pas duré plus de deux mois. Pour ma part, je suis déterminé.
Même si je me fais chahuter de façon assez brutale et directe en ce moment, étant probablement l’un des moins patients du parti, je suis malgré tout décidé à travailler dans le sens de l’intérêt général pour que le Modem devienne cette force politique dont nous avons tous rêvé. Je veux qu’anciens et nouveaux puissent se rencontrer, se connaître, se parler et se respecter.
La peur de l’autre est absurde et je la combattrais de toutes mes forces. Il faut que chacun apprenne de la culture de l’autre et s’en serve pour inventer une nouvelle façon de faire de la politique.